Lorsqu’une voix le hèle depuis les cageots et filets de pêche qui encombrent le quai humide. « Deux-boas…Deux-boas ! »Un grand gaillard en parka verte, bonnet de laine, pull à col roulé et bottes de caoutchouc, barbu comme un vieux loup de mer, lui fait de grands gestes,
voyance, un bout de papier dans une main. « Hi… » (prononcez Haille) l’apostrophe-t-il joyeusement en s’emparant de la valise, « …call me Ole ! And you’re Mister Deux-boas, aren’t you ? ».Il lui montre un fax avec la photo de sa carte d’identité.Un accent épouvantable au milieu duquel émergent quelques bribes d’anglais scolaire du genre « Come on… it’s a little bit windy… » et enfin le mot magique « coffee ! »***Pas un arbre ! La Volkswagen roule à petite allure en direction de Toft et Dubois réalise soudain qu’il ne voit pas un seul arbre dans le paysage onduleux que traverse la voie à deux bandes.Comme si le vent de l’océan les avait soufflés d’un seul coup, comme on éteint les bougies d’un gâteau d’anniversaire.