Ça n’a l’air de rien, mais c’est infernal.Notre explorateur traverse en titubant, jambes écartées, le couloir qui mène du pont arrière vers le grand salon où la plupart des passagers somnolent allongés dans des sacs de couchage.Des enfants dorment à même le sol, sur la moquette, la bouche ouverte et la tête posée sur des pulls et vestes roulés en boule pour former un coussin.De peur qu’ils ne tombent des banquettes sans doute.
Car pour bouger,
voyance amour, ça bouge.Gérald Dubois jette un coup d’œil à l’extérieur.C’est la nuit noire (il est trois heures du matin), mais le ferry est éclairé comme un arbre de Noël et diffuse sur son passage une lumière qui permet de distinguer les tonnes d’eau sombres et glacées qui montent à l’assaut pour exploser contre la coque du navire en gerbes d’écume sauvage.Comme si le diable faisait bouillir l’océan dans une énorme marmite.Une tempête ? Non, pas vraiment explique le barman à moitié assoupi à qui ilcommande une gaufre et un café, mais on a déjà vu plus calme…